Winnie l’Ourson et cie, c’est tout un univers qui peut sembler dérisoire au monde des adultes mais qui a plongé des millions d’enfants dans un univers enchanté.
Créé en 1926, cet ourson en peluche animé est issu de la littérature enfantine dont l’écrivain britannique Alan Alexander Milne s’est fait l’un des plus merveilleux interprètes.
L’idée de ce petit personnage ébouriffé lui est venue en observant son jeune fils manipuler ses jouets en peluche tout en imaginant des histoires et des mises en situation, comme savent si bien le faire tous les enfants.
En outre, Alan Milne se rendait souvent avec son fils au zoo de Londres, dont un des pensionnaires était une ourse noire baptisée Winnipeg, mais qu’on appelait plus familièrement Winnie.
Une ourse conquiert le cœur des Anglais
Ce plantigrade avait eu une existence extraordinaire. Il avait été acheté pour une vingtaine de dollars à un trappeur de l’Ontario par un lieutenant de la cavalerie canadienne, un certain Harry Colebourn, vétérinaire dans le civil. Mobilisé pour aller combattre en Europe lors de la Première Guerre mondiale, le lieutenant, ne pouvant se résigner à abandonner l’animal qu’il venait d’acquérir, se débrouilla pour l’introduire clandestinement en Grande-Bretagne en le faisant passer pour la mascotte de son régiment. C’est lui qui baptisa son ourse Winnie, diminutif du nom de sa ville d’origine : Winnipeg, dans le Manitoba.
À la fin du conflit, Colebourn aurait voulu rapatrier Winnie au Canada, mais l’animal ayant trouvé auprès du public anglais un accueil plus que chaleureux, il décida de faire cadeau de son ourse au zoo de Londres, où elle terminera son existence en 1934. C’est là que l’écrivain Alan A. Milne, accompagné de son jeune fils, trouvera le nom du personnage de son futur best-seller : Winnie l’Ourson.
L’ourse du lieutenant canadien allait bientôt passer doublement à la postérité : sous une forme miniaturisée en tant que héros de la littérature enfantine et comme statue grandeur nature érigée dans le parc Assiniboine de Winnipeg.
La poste canadienne devait également éditer un timbre à son effigie.
Le même âge que la Reine d’Angleterre
Le livre de Milne est sorti en 1926, illustré par l’artiste Ernest Howard Shepard, peintre et dessinateur, qui fut aussi l’un des héros les plus décorés de la Première Guerre mondiale. Mais il fallut attendre 1946 pour qu’une première traduction française, par Jacques Papy, voie le jour.
Winnie, qui vient de fêter ses 95 ans est un petit ourson dodu, au pelage jaune, plutôt naïf pour ne pas dire simplet, mais dont le grand cœur déborde de bons sentiments. Il ne faut pas trop lui demander de penser. Cette activité lui est particulièrement pénible. Son pire défaut est une gourmandise insurmontable qui le met souvent dans des situations embarrassantes. Son penchant irrépressible pour sa friandise préférée, le miel, lui vaut notamment de sérieux conflits avec le royaume des abeilles. Dès qu’il se sent en manque, son estomac se met à gargouiller horriblement et il est prêt à toutes les bêtises pour satisfaire son appétit.
Dans la Forêt des rêves bleus
Winnie évolue dans un petit monde en apparence tranquille, dont le nom est déjà évocateur La forêt des rêves bleus. Mais son incroyable insouciance, qui frise l’inconscience, l’entraîne immanquablement dans une série de cocasses mésaventures. Même si celles-ci baignent la plupart du temps dans un climat de drôlerie et de douceur, un nuage vient parfois apporter son ombre d’inquiétude sur cet univers féérique.
L’ourson est entouré d’une galerie de personnages, ses fidèles amis, plus poétiques et farfelus les uns que les autres. Il y a Tigrou, le petit tigre sautillant et primesautier, toujours de bonne humeur, que Winnie considère un peu comme un grand frère. Il y a le timide Porcinet qui passe son temps à rendre plus douillet son petit intérieur, Coco Lapin, l’infatigable jardinier qui regarde pousser ses
légumes, se mêle de tout, veut tout diriger mais dont les conseils ne réussissent pas souvent à ses amis. Il y a le très sage Maître Hibou dont les savantes explications restent bien ténébreuses pour son auditoire, Grand Gourou dont la sollicitude maternelle enveloppe toute la petite bande, Petit Gourou, fils de la précédente, dont la seule obsession est de grandir plus vite, et le très pragmatique Bourriquet, l’âne toujours à l’affût de trouver un abri et préoccupé en permanence par les fantaisies récalcitrantes que lui joue sa propre queue. Il y a enfin et surtout le jeune Jean-Christophe, un enfant, seule présence humaine au sein de cette petite arche de Noé.
Ce n’est qu’en 1989, après le décès de son créateur, que Winnie l’Ourson partira à la conquête des écrans. Les studios Disney ayant racheté les droits, les aventures de Winnie feront l’objet d’une série d’adaptations en courts, moyens et longs-métrages. Pour la circonstance, Winnie sera doté de quelques compagnons supplémentaires : Grignotin, la taupe qui n’en finit pas de creuser galeries et tunnels dans le sous-sol de la Forêt des rêves bleus, Lumpy, un curieux éléphant qui refuse de porter son nom, Buster, un chiot au flair de chien policier mais qui ne peut s’exprimer que par des aboiements, et une délurée petite fille de 6 ans qui se plaît à jouer les détectives.
Même les Russes en sont fous
La firme Disney saura également exploiter le petit personnage sous toutes ses formes : albums, magazines, livres, figurines, mobilier pour enfants et une foule d’ustensiles à son image.
Mais ce sont les dessins animés qui vaudront à Winnie le suprême honneur de recevoir son étoile sur le Walk of Fame à Hollywood, honneur partagé avec trois autres personnages créés par Disney. À partir de 2009, avec l’accord des ayants droit, de nouvelles aventures de Winnie, l’illustre petit ourson devenu la star préférée des enfants de 3 à 8 ans, seront écrites par David Benedictus et illustrées par Mark Burgess.
Cette nouvelle édition inondera les librairies anglaises et américaines.
Winnie l’Ourson jouit également d’un grand succès en Russie, où il a déjà fait l’objet de trois versions de dessins animés.