« Bigfoot » – l’hypothétique homme-singe sur la liste des espèces protégées

Le yéti de l’Himalaya possèderait un « cousin d’Amérique », sur la côte nord-ouest des États-Unis. Une sorte de « fossile vivant » hanterait les épaisses forêts qui recouvrent une vaste région s’étendant du Nord de la Californie, en passant par l’Oregon, l’État de Washington et jusqu’au-delà de la frontière canadienne, en Colombie britannique. Un yéti qui aurait jadis traversé le détroit de Béring (séparant la Sibérie de l’Alaska), quand les eaux de cet étroit bras de mer étaient gelées au temps de la grande glaciation ?

Les quelques témoins qui affirment l’avoir rencontré prétendent qu’il s’agit d’« un animal velu, haut de trois mètres, faisant des enjambées de deux mètres, poussant des cris d’enfer et puant la charogne ».

Les Indiens l’appellent « sasquash »

Depuis les débuts de la conquête de l’Ouest, les premiers missionnaires protestants avaient recueilli auprès
des Amérindiens d’étranges rumeurs faisant allusion à l’existence d’un énorme bipède vivant à l’état sauvage dans
les profondeurs végétales de cet immense territoire. Les tribus indiennes évoquaient avec une sorte de terreur superstitieuse l’existence d’une créature géante qu’elles avaient baptisée « sasquash », ce qui dans leur langage veut dire « géant velu».

Elles l’accusaient de « voler » du saumon dans les rivières et de laisser derrière elle une odeur épouvantable. Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle qu’un homme blanc aperçut pour la première fois cette espèce d’« homme singe » qu’il qualifia de « terrifiant ». La presse locale se mit à parler abondamment du « monstre », qui hérita du surnom de « Bigfoot » (grand pied) sous la plume des journalistes.

Moins pacifique que le yéti

Depuis cette date, un bon millier de personnes ont juré leurs grands dieux qu’elles avaient également  aperçu – très fugitivement – l’animal. Les nombreuses empreintes relevées entre-temps sur le sol continuent de susciter une fiévreuse polémique sur la possible
existence dans les forêts du grand Nord d’une créature surdimensionnée.

À l’échelle américaine ?

Au début du XXe siècle, avec l’extension de la colonisation, les apparitions se firent plus fréquentes dans ces régions fortement boisées du Nord-Ouest du continent américain. Rencontres souvent violentes, d’après les récits de ceux qui en furent les victimes involontaires, ce qui valut rapidement au sasquatch-Bigfoot une réputation de terreur. Cet « homme-singe » paraissait en effet beaucoup moins pacifique que son congénère indien, son cousin le yéti.

Carte de répartition des témoignages de rencontre avec le Sasquatch en Amérique du Nord (Wikipedia)

La grande peur d’un bûcheron

En 1924, un bûcheron nommé Albert Ostman, qui campait en Colombie britannique (Canada) où il projetait de prospecter une mine d’or abandonnée, prétendit qu’il s’était senti soulevé en pleine nuit dans son sac de couchage et qu’il fut emporté sur plusieurs kilomètres jusqu’à une tanière où il se trouva en présence de toute une famille « Bigfoot » : le père, la mère et leurs deux rejetons. Le bûcheron parvint à s’enfuir après six jours de captivité et à rejoindre la civilisation mais, craignant les moqueries, il garda secrète sa mésaventure pendant plusieurs années.

Albert Ostman, enlevé par un bigfoot ?

Vers la même époque, dans l’État de Washington, une équipe de mineurs allait vivre un véritable cauchemar. Surpris par un groupe de trois Bigfoots à l’entrée d’un ravin, l’un des hommes eut la malencontreuse idée de tirer un coup de feu dans leur direction. Aussitôt, les « hommes-singes » contre-attaquèrent et les mineurs durent se réfugier en urgence dans une cabane de rondins. Mais les Bigfoots les assiégèrent toute la nuit, faisant pleuvoir une volée de projectiles sur leur abri.

Ce n’est qu’à l’aube que les Bigfoots consentirent à lever le siège, laissant le champ libre aux mineurs pour décamper sans demander leur reste.

En 1940, c’est une fermière du Nevada qui prétendit s’être trouvée soudain face à face avec un Bigfoot et n’avoir eu que le temps de s’enfuir en emportant son enfant. On devait découvrir par la suite de nombreuses empreintes de pieds géants autour de son habitation.

En 1958, les constructeurs de la route du Nord-Ouest de la Californie signalèrent à plusieurs reprises la présence d’empreintes énormes autour de leur campement.

En 1975, le jeune L. B. Ribs, âgé de 17 ans, suivait un sentier dans les bois, à la nuit tombante. Soudain, il se trouva en présence d’une créature plus haute que les arbustes avoisinants (près de trois mètres).

« Elle avait une tête grosse et ronde, mais pas de cou. Elle se mit à pousser de curieux grognements. J’ai pris mes jambes à mon cou et j’ai couru jusqu’à la maison de ma tante. Il m’a
fallu plus de cinq minutes pour retrouver mon souffle et expliquer ce qui m’était arrivé. J’en ai fait des cauchemars pendant des semaines. »

Une battue fut immédiatement organisée, sous la direction du lieutenant responsable du bureau des affaires indiennes. Des empreintes énormes furent effectivement découvertes dans le bois. Le lieutenant fit ce commentaire :

« Nous étions tous fascinés et comme hypnotisés. J’avais l’impression que si nous avions rencontré une telle créature, les armes que nous possédions auraient été insuffisantes pour l’abattre. J’ai ordonné d’arrêter la poursuite. »

La plupart des témoins qui ont fait ce genre d’expérience s’accordent pour reconnaître que cet animal inspire la peur. L’un d’eux a même avoué : « Si vous voulez vraiment connaître la frousse au moins une fois dans votre vie, vous n’avez qu’à vous aventurer dans l’une des forêts qui servent de refuge à Bigfoot. »

Mais c’est de 1967 que date la pièce à conviction la plus troublante du dossier « Bigfoot ». Cette année-là, le rancher Robert Patterson, accompagné de son ami Bob Grimlin, réussit à filmer en couleur avec sa caméra 16 mm une courte séquence montrant une femelle (!) Bigfoot marchant calmement, en position verticale, à la lisière d’une forêt. L’animal se trouvait à environ trente-cinq mètres de l’objectif.

Ce document, épluché par de nombreux spécialistes, recueillit le verdict suivant :

« Absolument rien dans ce film ne permet d’affirmer qu’il s’agit d’un faux. »

Ces images uniques, qui ont fait depuis le tour du monde, décidèrent quelques anthropologues de renom à mener sur place leurs investigations. L’un d’eux, le Dr John Napier, primatologue, paléoanthropologue et physicien, particulièrement sceptique au début, a fini par consacrer tout un ouvrage à Bigfoot, dans lequel il se déclare très troublé après la découverte d’une piste, aux abords de Bosborough, dans l’État de Washington, tout au long de laquelle il releva 1 098 empreintes mesurant 45 cm de long sur 17 cm de large.

Nier l’évidence

Un autre anthropologue, le professeur Grovor Krantz, de l’université de l’État de Washington, qui avait longtemps étudié les restes fossilisés du Ramapithécus, ce grand singe de l’antiquité soupçonné d’être l’ancêtre de l’homme, s’est déclaré, pour sa part, entièrement convaincu de l’existence de Bigfoot. Le moulage d’une gigantesque empreinte qu’il préleva en juin 1982 dans les forêts de l’Oregon et qu’il montra aux journalistes au cours d’une conférence de presse constituait à ses yeux une preuve amplement suffisante.

« Bien entendu, commenta-t-il, même si j’avais ramené la carcasse empaillée d’un de ces animaux, il se trouverait toujours une certaine communauté scientifique pour nier l’évidence. »

En 1995, les membres d’une équipe de tournage de Waterland Production tentèrent de filmer, par une nuit de brouillard, à l’aide des phares de leur véhicule, une silhouette surprise au bord de la route et qui « correspondait en tous points à celle du Bigfoot ».

Interdit d’abattre le Bigfoot !

Depuis le début des années 2000 est apparue une nouvelle génération qui a fait de la chasse au Bigfoot une passion à la mode. Ces jeunes, pour la plupart, n’hésitent pas à s’enfoncer dans les zones les plus sauvages et les plus inaccessibles des forêts et montagnes de l’Amérique du Nord. À leur actif, plusieurs apparitions du « monstre », de l’Oregon jusqu’en Alaska, avec photographies d’empreintes et prélèvements de touffes de poils bruns.

En novembre 2012, un laboratoire du Texas faisait savoir par communiqué de presse que, sur base d’analyses ADN d’échantillons de poils, « il était à peu près certain qu’une espèce d’hybride d’hominidé inconnue fréquentait les régions nordiques du continent américain ».

Quoique frustrés par l’absence de preuves définitives, il se trouve un certain nombre de zoologues pour affirmer qu’une espèce d’anthropoïde a pu survivre dans les vastes étendues du territoire nord-américain, très peu peuplées et presque impraticables la plupart du temps. Il suffirait de quelques centaines d’individus pour perpétuer cette communauté à l’écart du monde civilisé.

Ce nouvel engouement pour la traque au sasquatch aura peut-être été le début d’une prise de conscience au plus haut niveau puisqu’à l’aube de ce millénaire, le gouvernement fédéral des États-Unis interdisait officiellement que Bigfoot soit abattu !

Avant même que son existence soit scientifiquement établie, l’hypothétique homme-singe nord-américain figure déjà sur la liste des espèces protégées !