Pas de Zorro sans Tornado

Par Christian Vignol

Que serait Zorro sans son masque, son fouet, sa cape et son épée ?
Mais surtout que serait Zorro sans son fameux étalon noir, Tornado, le fidèle destrier complice de tous ses exploits ?
Les fervents admirateurs du justicier masqué se sont souvent demandé à quelle race appartenait ce cheval magnifique dont la prestance, la vitalité, l’obéissance et la promptitude à répondre à toutes les sollicitations de son maître ont quelque chose de stupéfiant.
Si le personnage de Zorro et de son inséparable monture sont le fruit de l’imagination de l’écrivain Johnston McCulley, leur incarnation à l’écran a donné lieu à plusieurs interprètes différents, aussi bien en ce qui concerne l’acteur qu’en ce qui concerne le cheval. Au fil des différentes adaptations, la couleur noire du cheval n’a pas changé, mais parfois certaines caractéristiques morphologiques selon l’équidé sélectionné pour le rôle. Un détail qui n’a pas échappé à l’œil averti de quelques cinéphiles.
Il n’est pas rare, en effet, que, dans un même épisode, plusieurs chevaux (de même race) soient utilisés, en fonction de leur aptitude pour telle ou telle prestation athlétique : course, saut d’obstacles, chutes, etc.
Dans la célèbre série des Zorro sortie des studios Disney, Tornado est un authentique cheval américain de race Quarter Horse. Docile, maniable, rapide, vive et courageuse, c’est la race chevaline américaine par excellence.
Ses origines remontent aux XVIe et XVIIe siècles, quand les premiers colons l’ont sélectionnée en croisant des chevaux importés par les Anglais et des chevaux locaux, retournés à l’état sauvage, car abandonnés par les Conquistadors espagnols.

Imbattable sur 400 mètres

Le Quarter Horse doit son nom à cette particularité d’avoir été longtemps imbattable au sprint sur la distance d’un quart de mille (400 m). Il cessa d’être un cheval de course quand les compétitions se disputèrent sur des distances plus longues. Il est alors devenu le cheval à tout faire, un cheval de travail polyvalent, celui qui participa le plus activement à la conquête de l’Ouest. C’est encore le cheval favori des cow-boys et le héros de tous les rodéos.
Son histoire se confond avec celle de cet univers western dont il fait intimement partie. Sa robe, toujours unie pour être conforme aux standards de la race, peut se décliner en dix-sept couleurs différentes, dont le noir privilégié par Zorro pour ses activités souvent nocturnes et clandestines.
Mais, au gré de la longue carrière de Zorro et des multiples versions qui se sont succédé en trois quarts de siècle, d’autres races chevalines ont eu l’honneur de fournir au héros masqué son indispensable compagnon à quatre pattes.
Dans le film Zorro de 1975, qui mettait en selle Alain Delon, il s’agit vraisemblablement d’un cheval européen, probablement d’origine française ou espagnole. On a évoqué parfois un Lusitanien. Mais les cadrages du Zorro-Delon à cheval étant assez serrés, il est malaisé de déterminer l’origine de l’animal avec exactitude. Sans doute l’acteur français ne pouvait-il pas rivaliser en matière de prouesses équestres avec les cascadeurs américains et que ses prestations de cavalier devant la caméra ont été volontairement limitées.
Dans Le masque de Zorro, avec Antonio Banderas (1998), même s’il est fait allusion à un cheval andalou, il s’agit plus vraisemblablement d’un frison, de plus petite taille, comme l’était d’ailleurs l’acteur de service.
Souvent surnommé « la perle noire » en raison de sa robe qui est toujours de cette couleur, le frison, originaire du nord des Pays-Bas, est un cheval de selle plutôt fringant. Il fut longtemps un cheval de guerre avant de devenir un cheval de trot. Au moment où la race risquait de disparaître, son élégance naturelle lui valut d’être remarquée par de nombreux producteurs qui lui ont trouvé une nouvelle carrière au cinéma, principalement dans les films d’action. Par sa photogénie irréprochable, il est aujourd’hui devenu le « cheval de spectacle » le plus courtisé.