Quand les oies sauvages inspirent… l’économie !


Beaucoup de pays asiatiques ont développé leur économie sur le modèle des oies sauvages

La théorie du vol d’oies sauvages est un modèle de développement économique décrit par le japonais Kaname Akamatsu en 1937. Elle fut complétée par Shinohara en 1982. Elle s’apparente à l’industrie industrialisante présentée par Gérard Destanne de Bernis, visant à créer une affaire importante en partant d’une base modeste.

 

Dans ce modèle, on observe qu’un pays met en œuvre le processus sur un produit à faible technicité, il en devient exportateur, puis l’abandonne pour un article à plus haute valeur ajoutée. Cet abandon permet à un autre état d’entamer sa propre industrialisation. Ainsi, on distingue trois phases : premièrement, le pays importe le bien, puis il substitue la conception nationale aux achats avant de l’exporter. Une quatrième étape peut être identifiée : celle lors de laquelle le territoire abandonne le produit pour se tourner vers d’autres à plus forte valeur ajoutée, ce qui a pour conséquence la délocalisation de ces activités vers d’autres pays à plus bas coûts, mais l’insertion de ces derniers dans le modèle du vol d’oies sauvages.

En effet, après le Japon, les nouveaux pays industrialisés de la première génération ont ainsi entamé leur industrialisation dans les années 1960, favorisée justement initialement par le transfert des activités à faible valeur ajoutée du Japon vers ces pays. Le Japon se concentrant dans des domaines plus rémunérateurs. Dans les années 1980, une seconde formation de NPI apparaît, nommée Tigres asiatiques. L’industrialisation de la République populaire de Chine s’appuie sur d’autres éléments, mais son insertion récente dans l’économie mondiale se rapproche de ce modèle d’industrialisation. Ce phénomène de vol des oies sauvages a notamment été permis en Chine avec la création, dans les années 1980, de zones franches chinoises et l’appui du Fonds monétaire international pour inciter les pays de l’Est à s’industrialiser.

On continue cependant de trouver dans cette région qui profite actuellement d’un essor mondial, des pays à l’écart du vol. Ainsi l’Asie compte un certain de nombre d’états à très faible niveau de développement dont 9 PMA — à savoir l’Afghanistan, le Bhoutan, le Cambodge, le Laos, la Birmanie, le Népal, le Timor oriental et le Yémen — qui continuent de souffrir d’une paupérisation et d’une intégration très médiocre à la mondialisation. Ces pays manquent le plus souvent d’atouts géographiques ou démographiques. Cependant, les projets de Routes de la Soie chinois pourraient permettre à certains d’entre eux, notamment le Laos et surtout la Birmanie de s’insérer davantage dans la mondialisation. L’émergence de corridors de croissance tels que celui de Kunming-Rangoon semblant appeler à l’entrée de la Birmanie dans le vol d’oies sauvages, d’une part en favorisant le redéploiement d’activités industrielles de la Chine vers la Birmanie, d’autre part en améliorant le réseau d’infrastructures birman tant dans sa desserte interne qu’externe.