La société des singes : un peu comme la nôtre

En nous devenant plus familière, la « planète des singes » nous surprend par les nombreuses similitudes qui existent entre leur mode de vie en société et le nôtre. Comme on l’a vu, les mœurs et activités des familles de chimpanzés évoquent tout particulièrement le temps des premières sociétés humaines préhistoriques du type « chasseurs-cueilleurs ».

Chaque groupe de singes se choisit un chef, s’approprie et défend un territoire, se conforme à une hiérarchie bien établie.

Les singes se reconnaissent entre eux, communiquent et coopèrent dans leurs activités. Ils ont une vie sociale très animée. À l’occasion d’intenses palabres, beaucoup de choses se négocient entre eux, même si les bagarres ne sont pas rares. Entre clans, des rivalités peuvent surgir et conduire à de véritables batailles rangées, qui se soldent parfois par des scènes de cannibalisme, car les chimpanzés ne se contentent pas toujours d’un menu végétarien.

La chasse ou la guerre soude tous les membres d’un groupe. L’usage de branches, transformées en massues, fait partie de leur panoplie guerrière.

Les singes musiciens / A. Descamps

Des guenons baby-sitters

 Au sein de chaque groupe de primates, on constate que les individus éprouvent, comme chez les humains, des sympathies sélectives. Ils peuvent ressentir de l’empathie pour certains de leurs congénères, en dehors de toute connotation sexuelle. Des rapprochements ont lieu selon les affinités réciproques. On pourrait même parler d’amitié. Tous étant frères ou cousins au sein d’un même groupe, ces liens de parenté favorisent naturellement les relations amicales.

Une guenon amie fera volontiers office de baby-sitter pour garder, surveiller, protéger le bébé d’une autre femelle (cela se fait aussi chez les éléphants et les dauphins). Les jeunes mâles ont également leurs copains qu’ils fréquentent plus volontiers. Lorsqu’un singe est pris à partie par un autre, il pourra compter sur le soutien de ses amis qui accourront pour prendre sa défense.

Quand une dispute entre mâles tourne au pugilat, les femelles finissent par intervenir pour calmer les belligérants et les distraire vers d’autres centres d’intérêt. Les longues séances de toilettage et d’épouillage sont généralement des entractes très appréciés qui contribuent à l’harmonie du groupe et ramènent le calme.

Les prédominances hiérarchiques sont relativement bien respectées chez les mâles, un peu plus floues chez les femelles.

Si la plupart des sociétés simiesques reposent sur l’autorité des mâles, chez les babouins on a opté pour un régime matriarcal. Ce sont les femelles qui commandent et les mâles qui obéissent.

Sur le plan sexuel, le libertinage le plus complet est de règle chez les chimpanzés. La femelle en chaleur accepte de s’accoupler avec tous les mâles qui se présentent. Seule exception : un mâle dominant peut se réserver l’usage exclusif d’une femelle. Ou même de plusieurs.

Notons aussi que les singes ne manquent pas non plus d’humour, à en juger par les niches et les supercheries qu’ils peuvent se jouer les uns aux autres. Il faut les voir se chiper mutuellement de la nourriture ou des objets, se pousser par surprise, se provoquer, s’enfuir et se livrer à de folles courses poursuites. Culbutes et acrobaties en tous genres sont aussi à leur programme.

Chaque groupe de singes se choisit un chef, s’approprie et défend un territoire, se conforme à une hiérarchie bien établie.

Les singes se reconnaissent entre eux, communiquent et coopèrent dans leurs activités. Ils ont une vie sociale très animée. À l’occasion d’intenses palabres, beaucoup de choses se négocient entre eux, même si les bagarres ne sont pas rares. Entre clans, des rivalités peuvent surgir et conduire à de véritables batailles rangées, qui se soldent parfois par des scènes de cannibalisme, car les chimpanzés ne se contentent pas toujours d’un menu végétarien.

La chasse ou la guerre soude tous les membres d’un groupe. L’usage de branches, transformées en massues, fait partie de leur panoplie guerrière.

Singes jouant au tennis, téléphonant etc... - 1933

Comme s’ils discutaient politique

Chez les grands singes, à voir discuter les mâles entre eux, on croirait assister à de véritables meetings politiques. Parfois, pour destituer un mâle dominant qui s’accroche à son pouvoir, un groupe de mâles rebelles utilise la force et va jusqu’à l’assassiner s’il le faut. On n’est décidément pas très éloigné des sociétés humaines.

Quand il atteint le stade de mâle dominant de son clan, le gorille accapare toutes les femelles de son prédécesseur dont il s’empresse de tuer les éventuels bébés, soucieux de s’assurer le monopole de son héritage génétique.

Mais, au bout du compte, sa ressemblance anatomique avec l’homme n’aura pas toujours réussi au singe. À cause d’elle, beaucoup d’entre eux auront eu le triste destin de servir de cobayes de laboratoire. Les similitudes génétiques en ont fait des sujets d’expérience de premier choix. Même si cela pose aujourd’hui de sérieux problèmes d’éthique, il est incontestable que leurs sacrifices ont énormément contribué à faire avancer la recherche médicale.

Voyage au pays des singes - 1846
Joyeux festin fait par les singes / [artiste inconnu]
Au zoo de Vincennes, singes attablés - 1936
La Prise de Tabarcka [singes militaires] - 1890
Jeune femme tenant un singe dans les mains, entourée d'enfants sur la plage de Deauville, août 1921