On imagine que de tels procès donnaient parfois lieu à des situations tragi-comiques, quoique toujours navrantes.
Des rats, accusés d’avoir dévoré un stock de céréales, ne s’étaient pas présentés à l’audience. Leur avocat obtint néanmoins la clémence du tribunal en plaidant que c’était la faute des chats qui les avaient empêchés de se présenter devant la cour. Ce fut alors au tour des chats d’être mis en accusation pour entrave à la justice.
Parfois, des animaux étaient cités comme témoins pour venir prendre la défense de leurs congénères inculpés. On jugeait aussi de la culpabilité d’un animal selon l’attitude et les réactions qu’il avait devant ses juges. S’il restait calme et indifférent, on considérait qu’il n’avait rien à se reprocher et pouvait bénéficier d’un acquittement. Dans le cas contraire, la sentence ne tardait pas à tomber sur l’animal qui s’était montré nerveux ou fébrile.
Au 14e siècle, dans les environs de Paris, un cheval qui venait de tuer un homme d’une ruade fatale réussit à s’enfuir de sa prairie et à s’échapper hors des limites territoriales de la juridiction. Son propriétaire fut condamné… à brûler en public un cheval de bois à l’effigie du coupable.
Au lendemain de la Révolution française, le propriétaire d’un perroquet, à qui il avait enseigné de crier « Vive le Roi ! », fut guillotiné, mais le volatile fut gracié de justesse, ayant appris entre-temps à crier « Vive la République ! ».
Voici l’affaire telle que racontée dans « Le Cabinet historique : revue » de 1864 :
« Mais l’affaire la plus monstrueuse, quant au caractère, fut de celle des La Viefville, que l’on a appelée le procès du Perroquet. Le 4 floréal, étoient amenés devant le tribunal : Louis de La Viefville, madame de Béthune, sa fille, la fille Farinaux, lingère, la fille Pitre, bonne d’enfants à leur service, accusés (je copie l’acte d’accusation) « d’avoir cherché à provoquer le rétablissement de la royauté, Louis La Viefville et Françoise de Béthune, sa fille, en ayant instruit et conservé très-soigneusement un perroquet qui répétoit très-souvent ces mots : Vive l’Empereur, Vive le Roi, Vivent nos Prêtres, Vivent les Nobles; les filles Pitre et Farinaux, en étant leurs complices, n’ayant pas déclaré que ce perroquet existoit dans la maison de ces derniers. »
Le perroquet, principal témoin à charge, fut apporté, par un gendarme, au tribunal. Les juges et les jurés lui firent des agaceries, lui répétant : «Jaco, dis-donc vive le Roi!» L’oiseau rebelle se contenta de siffler.
Les trois premiers accusés n’en furent pas moins condamnés à mort; la fille Pitre seule échappa. On improvisa, à l’audience, le crime d’émigration contre ces malheureux. Le jury, à l’unanimité, déclara le fait constant à leur égard, Caroline Pitre exceptée. Ainsi fut jouée cette ridicule et sanglante comédie. Quant au perroquet, il fut remis à madame Le Bon, pour qu’elle lui apprit à crier : vive la Nation ! »
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