L’arme magique contre les poisons
Les prétendues vertus curatives attribuées à la fameuse corne frontale alimentèrent le feu des imaginations et la cupidité des trafiquants tout au long du Moyen Âge. On y voyait la parade la plus efficace contre la peste, et surtout l’antidote miraculeux des poisons et venins.
Dans la coupe du roi de France, ne faisait-on pas tremper dans le breuvage royal un morceau de la fameuse corne magique pour annihiler toute possibilité d’empoisonnement ?
Il faudra attendre Ambroise Paré, le célèbre anatomiste, père de la chirurgie moderne, pour démontrer qu’aucun pouvoir curatif ne résidait dans aucune corne que ce soit.
À l’approche des temps modernes, les hommes de science affichèrent un scepticisme grandissant à l’égard de l’inapprochable licorne, dont l’existence ne reposait que sur des ouï-dire, transmis de génération en génération.
Pourtant, à travers l’Europe, sur tous les marchés, dans tous les souks, étaient exhibées, entières ou morcelées, des cornes torsadées de grande dimension. Il faudra un certain temps pour en déceler la véritable provenance : il s’agissait la plupart du temps de l’appendice nasal du narval, sorte de dauphin de grande taille, dont la corne, d’un ivoire dense et spiralé, peut atteindre trois mètres de long.
Quelques naturalistes évoquèrent également, non sans raison, l’éventuelle appartenance de ces trophées à l’oryx d’Arabie, une antilope du désert pourvue de cornes également très effilées.