Animaux de fiction

Un saint-bernard qui aboie quand il entend Beethoven

Tous les chiens à l’écran ne se prennent pas forcément au sérieux.

Dans la foulée des Rintintin, Lassie, Croc-Blanc et Rex chien-flic, plus à l’aise dans le drame que dans la comédie, voici un autre cabot, beaucoup plus cabotin, qui fit une apparition très remarquée au cinéma en 1992.

Laissons-le se présenter lui-même : Je ne m’appelais pas encore Beethoven. En fait, je n’avais pas de nom. À ma naissance, je pesais à peine 300 grammes et personne ne semblait vouloir de moi. On m’avait mis en vente dans une animalerie que des cambrioleurs, une nuit, sont venus mettre à sac. À peine remis de mes émotions, me voilà emporté par trois enfants qui m’emmènent clandestinement dans leur foyer. La famille Newton, où je viens d’atterrir, semble avoir tout pour être heureuse. En fait, il lui manque quand même quelque chose, mais elle ne le sait pas encore : la présence d’un adorable et amusant chiot dans mon genre. Hélas ! Papa Newton n’est pas tout à fait de cet avis : « Pas de chien chez nous ! » proclame le chef de maison. Mais je finirai bien par venir à bout de ses réticences avec mon attendrissante petite boule de poils.

Les enfants savent aussi plaider ma cause avec insistance et me voilà adopté par tous les Newton. Quelle drôle d’idée ont-ils de me baptiser Beethoven, simplement parce que je me suis mis à aboyer la première fois que j’ai entendu la symphonie n°5 d’un certain Ludwig von Beethoven !

Évidemment, je leur réservais une surprise à laquelle ils ne s’attendaient visiblement pas.

Choyé et bien nourri, je me suis mis à grossir…grossir… jusqu’à peser 85 kilos. Dans une maison, cela prend de la place un saint-bernard, il faut en convenir. Et il vaut mieux se renseigner avant… Oui, je suis un grand clébard doté d’un féroce appétit, il faut le savoir… Mais cela peut aussi se rendre utile un saint-bernard et je crois pouvoir dire que la famille Newton ne regrette pas trop de m’avoir recueilli.

Les enfants surtout me doivent une fière chandelle. N’est-ce pas moi qui ai permis à Ted, souffre-douleur dans son école, de se faire respecter ? Un saint-bernard comme garde du corps, cela impose, n’est-ce pas ? N’est-ce pas moi qui ai sauvé Emily, la benjamine, de la noyade alors qu’elle était
tombée dans la piscine ? Je n’avais pas hésité une seconde à plonger au secours de cette imprudente gamine. Et n’est-ce pas encore moi qui ai donné toutes ses chances à Ryce, l’adolescente en crise, de se faire enfin remarquer par Mark, le Don Juan de son collège, qui ne lui avait pas accordé la moindre attention jusqu’au jour où elle se montra en ma compagnie ?

Comment se passer de moi après cela ? Oui, tout allait de mieux en mieux chez les Newton. J’ajoutais quotidiennement du bonheur à leur bonheur et même Papa George avait fini par me prendre en affection.

Il y avait toutefois une vilaine ombre qui planait au-dessus de moi : le vétérinaire de cette famille, un individu sadique et d’une honnêteté douteuse, qui mettait au point des substances hasardeuses dans son laboratoire. Il complotait pour qu’on me confie à ses bons soins à titre de cobaye…

Je n’étais donc pas encore au bout de mes émotions… 

Deux petits tours et puis s’en va…

C’est sur le canevas de ce scénario que Beethoven fit un premier tabac aux États-Unis, sur grand écran en 1992. 87 minutes de pur bonheur. Et comme c’est presque toujours le cas quand le succès est au rendez-vous, sept suites furent tournées au cours des vingt-deux années qui suivirent : en 1993, 2000, 2001, 2003, 2008, 2011 et 2014.

De son côté, la télévision s’est empressée de surfer sur la popularité de Beethoven en lui consacrant une série animée de 26 épisodes, à partir de 1994.

Plusieurs saint-bernards se sont également relayés pour tenir le rôle au cinéma, car les représentants de cette race imposante ne vivent pas très vieux, rarement au-delà de 8 ans.

Le premier Beethoven qui apparut dans les deux premiers volets succombait de vieillesse au terme de sa deuxième prestation.

La légende du tonnelet autour du cou

Dans la vraie vie, le saint-bernard est plutôt bon comédien de nature, d’un caractère doux mais assez têtu. Quand il ne fait pas de cinéma, il est souvent utilisé en haute montagne pour retrouver les victimes des avalanches. Toutefois, le tonnelet autour du cou semble tenir davantage de la légende que de la réalité. Cela remonterait au temps où l’élevage des saint-bernards était l’exclusivité d’une communauté de moines suisses qui envoyaient parfois leurs chiens au secours des alpinistes perdus en montagne. Mais peu de documents attestent que ces secouristes à quatre pattes aient été équipés du fameux tonnelet rempli d’eau de vie. Même si les moines ont toujours eu la réputation d’être d’habiles fabricants de spiritueux…

Raissa

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