Difficile rencontre avec un partenaire
Il aura fallu s’aventurer plus d’une fois dans les sombres et épaisses forêts de l’Ituri, ruisselantes d’humidité, pour se faire une idée plus précise des mœurs de cet animal, particulièrement farouche et inapprochable.
L’okapi mène une existence nocturne et solitaire, en bordure des cours d’eau. Strictement végétarien, ce ruminant se nourrit de feuilles et de pousses d’arbres (environ 150 espèces figurent à son menu, dont l’euphorbe particulièrement toxique pour l’homme), qu’il saisit au moyen de sa langue très longue et protractile. Herbe, fougères, fruits, champignons et manioc font également partie de son ordinaire.
L’okapi ne s’attarde jamais longtemps sur le même lieu de pâture, ne cueillant que les pousses fraîches, afin de préserver les ressources de son garde-manger.
Il ne rencontre ses congénères qu’à des occasions assez fortuites, puisqu’il n’y a jamais plus de deux individus au kilomètre carré. La reproduction de l’espèce se déroule en effet selon un scénario quelque peu aléatoire et n’obéit pas vraiment à une saison des amours bien définie. Vu la difficulté de rencontrer à date précise, dans ces frondaisons inextricables, le partenaire adéquat, la femelle doit rester en chaleur pendant plus d’un mois. Elle arrose alors son parcours de sécrétions odoriférantes.
Craignant sans doute d’être repéré par un fauve à l’affût, le mâle, de son côté, ne pousse que des petits cris feutrés, une sorte de toussotement, pour signaler discrètement sa présence pendant la période de rut.