Voici l’affaire telle que racontée dans « Le Cabinet historique : revue » de 1864 :
« Mais l’affaire la plus monstrueuse, quant au caractère, fut de celle des La Viefville, que l’on a appelée le procès du Perroquet. Le 4 floréal, étoient amenés devant le tribunal : Louis de La Viefville, madame de Béthune, sa fille, la fille Farinaux, lingère, la fille Pitre, bonne d’enfants à leur service, accusés (je copie l’acte d’accusation) « d’avoir cherché à provoquer le rétablissement de la royauté, Louis La Viefville et Françoise de Béthune, sa fille, en ayant instruit et conservé très-soigneusement un perroquet qui répétoit très-souvent ces mots : Vive l’Empereur, Vive le Roi, Vivent nos Prêtres, Vivent les Nobles; les filles Pitre et Farinaux, en étant leurs complices, n’ayant pas déclaré que ce perroquet existoit dans la maison de ces derniers. »
Le perroquet, principal témoin à charge, fut apporté, par un gendarme, au tribunal. Les juges et les jurés lui firent des agaceries, lui répétant : «Jaco, dis-donc vive le Roi!» L’oiseau rebelle se contenta de siffler.
Les trois premiers accusés n’en furent pas moins condamnés à mort; la fille Pitre seule échappa. On improvisa, à l’audience, le crime d’émigration contre ces malheureux. Le jury, à l’unanimité, déclara le fait constant à leur égard, Caroline Pitre exceptée. Ainsi fut jouée cette ridicule et sanglante comédie. Quant au perroquet, il fut remis à madame Le Bon, pour qu’elle lui apprit à crier : vive la Nation ! »